Philippe Carrese

3 Jours d’engatse

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Le premier roman, paru aux éditions Meditorial, Ajaccio, en 1994, avant d’etre repris par Fleuve Noir en 1995, puis par Pocket en 2001. Texte à retrouver dans « les introuvables 2″, à paraitre aux editions « L’Ecailler du Sud », fin 2009.

Plutot qu'un extrait, voici le lexique
que l'on peut retrouver à la fin
de "Trois Jours d'Engatse"…
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Si vous n’avez pas tout comprique, pas de panique,
Voilà le lexique,
( deux qui te tient , trois qui t’explique)

Commençons, si vous le voulez bien par les injures… (Quand tu apprends une langue étrangère, tu commences toujours par apprendre les gros mots…)

Quelques injures pas trop méchantes:

Calu:         Idiot
Jobastre:      Fou furieux (ou calu en plein)
Fada:             Imbécile. (On dit aussi Fadòli)
Ravi:              Imbécile heureux
Djedji:           Imbécile prétentieux
Ensuqué:      Abruti (heureux ou pas)

Quelques injures sexistes:

Pétasse:         Poufiasse maigre
Poufiasse:     Pétasse grosse
Radasse:       Pétasse allongée (ou s’allongeant facilement)
Tromblon:     Au départ, c’est un fusil qui tire mal et dans tous les coins; à l’arrivée, quand on te traîte de tromblon c’est que… Enfin, moi, ça me plairait pas qu’on me traîte de tromblon

Quelques injures de classes (sociales):

Fiòli:           Fils de riche et qui le montre
Jambon:     Nouveau riche et qui le montre aussi

Pour reconnaître un fiòli ou un jambon, c’est pas compliqué… Quand ils mangent l’aïòli, les fiòlis (ou jambons) mettent l’accent sur la dernière syllabe d’aïoli. Les autres, (les gens comme toi et moi), mettent l’accent sur le O du milieu. C’est tout simple mais c’est imparable

Chiapacan: C’est un coiffeur pour chiens, donc pas trop classe, qui travaille de manière quelque peu brouillonne
Estrasse:     En principe, c’est un vieux chiffon tout minable. Une estrasse est quelqu’un d’un peu avachi physiquement, ou intellectuellement, ou les deux.

Quelques injures relatives à la vie des animaux:

Favouille:      Petit crabe qui marche de biscanti (ça, j’explique après), donc, par extension, quand tu en vois un qui se fait tout petit et marche de travers pour passer partout, pas très franc du collier, tu peux le traiter de favouille. Ca reste assez gentil quand même.

Mérou, Bogue, Gòbi:     Poissons à l’air con quand tu les regardes en face… On utilise l’un ou l’autre selon la taille et le degré d’abrutissement de l’individu visé (en général, c’est “yeux de…” ou “tronche de …”). Le mérou est très gros et reste au fond (c’est le genre lourdeau). Le bogue est plus petit mais des trois, c’est celui qui a l’air le plus bête. Et le gòbi, c’est le plus petit,… mignon, quoi!
Et tant qu’on est chez nos amies les bêtes, les esques sont des appâts pour la pêche, et les gabians sont des sortes de mouettes qui crient souvent avec l’accent marseillais (aow! aow! Je te jure que c’est vrai!)

Quelques interjections diverses:

Zou!:                 En avant,… c’est du provençal, à la base.
Zou maï!:         En avant une fois de plus.… (“Maï” c’est “plus” en provençal)

Sian maï aqui!:    On y est encore!… Cette expression marche très bien pour des situations répétitives et un peu gonflantes.

Vaï!:             Allez! ou Vas-y!
Bou diou:         Bon Dieu!
Mon beù:         Mon beau

Ces expressions ne sont plus employées que par des personnes d’un certain âge et de manière très affectueuse.

Oh fan!:         Sommairement, on peut dire que quand les anciens disent “Bou Diou!”, les jeunes disent “Oh fan!”
Cheudeu:         C’est comme quand on dit “Oh fan!”, parce qu’on peut dire “oh fatche!” (du napolitain visage, face) et qu’on peut dire aussi “Oh fatche de con!” et que si on se restreint au milieu de l’expression, ça devient “cheudeu” en insistant beaucoup sur le “cheeeu…”

Basta!:                Ca suffit!
C’est Mac!:         Dans les années 60, on aurait dit en français “c’est super!” ou “c’est formidable!” Depuis les années 60, on dit plutôt “c’est mac!” voilà, c’est mac!

Et un petit dernier pour la route…
‘quilé ha!:         Qui n’est autre qu’une contraction audacieuse des deux mots “enculé, va!”. Et ça, je n’expliquerai pas ce que c’est, tout le monde connaît.

Quelques noms d’entreprises:

L’Abbé Pierre (ou Emmaüs): Débarras de caves célèbre pour ses accumulations d’estrasses (voir plus haut).
Carrefour:          Là, c’est les épiciers qui positivent. (“On va à Carrefour”. Celui du Merlan est le plus connu)
Haribo:             “Bonbons, caramels, demandez le dentiste!…”
Chabrand:         C’est comme Vuitton, mais de province, très prisé chez les jambons (voir plus haut).
Kulhman:          Ugine Kulhman, site d’usines chimiques de l’Estaque, grand pollueur de poumons devant l’Eternel.
Pincedé:             Entreprise locale de pompes funèbres.

Quelques noms propres:

Carbone:          Bandit célèbre des années 40.
Spirito:             Collègue du précédent.
Alain Prieur:   Cascadeur célèbre des années 80 (il s’est loupé dans les années 90).

Quelques verbes:

Encaper:       Arriver à attrapper ce qu’on veut, ou avoir du pot.
Châler:          Transporter quelqu’un sur le porte bagages de la Mob (Voir plus loin)
Se séguer:     Se branler, en quelque sorte.
Estranciner: Rétrécir en écrasant.
Capter:          Comprendre vite.
Calculer:       Penser à… (quand tu dis “je l’ai pas calculé”, ça veut dire “je l’ai ignoré” mais en encore pire).
Bouléguer:    Bouger quelqu’un ou quelquechose.
Gonfler:         Lorsque les glandes deviennent boursouflées du fait d’un agacement croissant.
Néguer:         Noyer (glou, glou,glou…)
S’embroncher: Se prendre les pieds dans…
Saquer:          Supporter quelqu’un. Mais en général, on peut pas saquer, plutôt…
Caguer:          Emettre des excréments.

Quelques adjectifs:

Mariolle:      Compliqué ou balèze à faire.
Balèze:          Costaud, très fort.
Imbitable:    Qu’on ne peut biter, du nom bite, vous savez, l’appendice sexuel…
Destroy:        Complètement cassé. (Mais c’est peut-être pas tout à fait d’origine méditeranéenne)
De biscanti:  Tout tordu, pas d’équerre;
Bonnard:       Vraiment bien.

Quelques noms:

Un papet, une mamet:     un papy, une mamie
Minot, minote:                  un gamin ou un petit enfant.
Un collègue:                      un ami, ou complice.
Un destroussi:                  un qui casse tout ce qu’il touche.
Le zef:                                 le vent, plutôt violent (mais ici, tout est violent, pas de demi-mesures)
Le pàti:                               le bordel , sans les filles, mais avec la panique.
La tchatche:                       l’art de parler énormément de tout avec une assurance déconcertante.
Une engambi:                   une engatse, mais plus vicieuse (voir plus loin pour l’engatse).
Caramentran:                   c’est Carnaval.
L’Haïd:                              Fête arabe ou l’on égorge les moutons, de préférence dans la baignoire, parce qu’au moins, là, ça salit pas trop.
Une traviole:                   une traverse, petite et tordue.
Un malon:                       un carreau posé au sol, en général en terre cuite rouge
Une Mob:                        une Mobylette, un Solex, une Malagutti, un Peugeot… Peu importe, deux roues, un moteur , le guidon cintré et les fanions.
Les commissions:         les courses,(celles qui servent à se restaurer, du genre: 3kg de tomates et 1 litre de lait).
Les balayures:               les poubelles domestiques.
Une banaste:                 au départ, un panier un peu lourd. A l’arrivée, on a gardé “un peu lourd”.
Un wagon:                     un tas… Un paquet de… En général, il en a beaucoup.
Un moulon:                    c’est presque un wagon, mais avec une nuance quantitative.

Par exemple, on dira “un wagon d’emmerdes”, mais on dira un moulon de cadavres”. C’est une question de nuances.

Nibe, cuts, que dalle:    Absolument rien!
Un souk:                          un bordel en plus exotique.
Un barouf:                       un bordel sonore.
Mon vié :                         mon sexe, pour un garçon.

Quelques noms relatifs aux forces de l’ordre:

La maison Poulaga, Les condés, L’Evêché: La Police (d’ailleurs, que fait la police, je vous le demande…)

Et je vous ai gardé les deux meilleurs pour le dessert:

Dégun:    Quand il y a dégun, c’est qu’il y a vraiment plus presonne du tout, c’est sans appel.
Engatse:    C’est une embrouille grave… très grave, même pas une engambi… Non… Une engatse, voilà…

A noter que ce lexique de mots locaux écrit en 1992, dont plus de la moitié sont totalement obsoletes aujourd’hui et dont la présence et la raison d’ètre etait essentiellement humoristique dans le roman « trois jours d’engatse » en a inspiré plus d’un. De nombreux pensums pontifiants ont parsemé la litterature noire marseillaise par la suite…

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Dans : Littérature

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