La démocratie, c’est comme le piano…
Résumé de l’épisode précédent : un billet de mauvaise humeur « J’ai plus envie » destiné à un petit journal sympathique, Mars Mag, entouré d’un dessin humoristique et d’autres articles souriants, sort en juin 2006. Tout le monde s’en fout. Le journal met la clef sous la porte deux mois après dans l’indifférence générale (pas à cause de l’article, il aurait plus manqué que ça…). Cinq ans plus tard, ce texte ressort va savoir comment et par qui, et fait le tour du net en prenant l’aspect d’un brulot politique qu’il n’était absolument pas au départ.
A la base, ce texte est très personnel et relate mon désarroi. C’est écrit à la première personne, et c’est juste moi qui liste tout ce qui me gonfle dans cette ville à la dérive, ce qui était le sujet usuel de ma petite chronique habituellement drôle mais plus du tout ce jour-là. Donc, cinq ans plus tard, de nombreux Marseillais se le réapproprient, ça circule de boites à mails en blogs énervés. C’est vrai, mes mots tentent de relater les problèmes qui rongent notre quotidien marseillais, sans concession. Brutal. Douloureux. Agaçant. Mais ce n’est qu’à partir d’un énoncé précisément posé qu’on ne peut s’attaquer à résoudre un problème. Le journal La Provence fait un très intéressant sujet sur le buzz en juillet 2011 qui, hasard total, coïncide avec l’affaire du parking Vinci de la Porte d’Aix. « J’ai plus envie » continue de circuler, dans tous les sens, les bons comme les mauvais. Les réactions que je reçois sont souvent réconfortantes, parfois bouleversantes. Quelques fois énervantes aussi, voire insupportables lorsque la droite nauséabonde en profite pour venir y dégueuler son fiel.
J’ai longtemps hésité à écrire une suite, en grande partie à cause de toutes ces récupérations désastreuses. Je n’avais plus envie de voir mes textes instrumentalisés par les charognards. Inutile de rajouter la haine à l’exaspération. Comme je n’avais plus envie non plus de voir mes questionnements légitimes d’utilisateur d’une ville en panne galvaudés par quelques naïfs qui n’ont de Marseille qu’une vision idyllique voire exotique mais tellement lointaine de notre quotidien. L’angélisme est illusoire. Dangereux, même. La réalité nous saute à la gueule dès qu’on remet un pied dans le chaudron marseillais. Elle parait caricaturale tant qu’on n’y est pas confronté physiquement, c’est une des grandes difficultés. Mais, sept ans après mon premier coup de gueule, les problèmes de paupérisation, d’insalubrité et d’incivisme existent toujours.
Comme la plupart des Marseillais qui aiment leur ville et qui la voient se déliter, je ressens une impression de gâchis. Et c’est insupportable. Qu’est-ce qui nous manque ? Cette rade unique pourrait être un petit paradis, Lire la suite…